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SCRATCH Blindé à pattes « Ghost in the Shell »

SCRATCH Blindé à pattes « Ghost in the Shell »

Le tank hexapode de Ghost in the ShellGhost in the Shell, ou Koukaku Kidotai en V.O., fut à l'origine une bande dessinée de science-fiction urbaine créée par le mangaka Masamune Shirow, L'œuvre à l'intrigue complexe ne manquait pas de qualité, mais n'eut sans doute été connue que des seuls amateurs du genre s'il n'y avait eu le film homonyme du réalisateur Mamoru Oshii.Ghost in the Shell - le film - était un film d'animation exceptionnel, alliant les effets informatiques et la 3D à l'animation, tandis que le scénario alternait scènes d'action et interrogations sur les rapports entre pouvoir et technologie, entre l'homme et les intelligences artificielles qu'il crée.Ce dessin animé fut un véritable choc, qui sortit d'un coup la « japanimation » de son ghetto. Dix ans plus tard, Ghost in the Shell 2 - Innocence - arrive sur nos écrans, encore plus farci d'effets spéciaux, encore plus intrigant, encore plus métaphysique…Il ne pouvait donc y avoir de meilleur moment pour évoquer l'une des scènes les plus marquantes du premier film. Dans les ruines d'un musée envahi par les eaux, un engin blindé hexapode armé jusqu'aux dents affronte l'héroïne du film, la cyborg Motoko Kusanagi.
Après avoir attendu vainement que ne soit produit  - et distribué sous nos latitudes - un modèle qui rende justice à autre chose que les rondeurs marquées de l'héroïne, je me suis décidé à tenter de créer la maquette de mes rêves par mes propres moyens. Il s'agit d'un projet ambitieux, de longue haleine. Non pas que les formes de ce tank à six pattes soient particulièrement complexes, mais l'imbrication des divers composants articulé de l'engin est exigeante. De même, la nécessité de créer six fois, à l'identique, les différentes pièces de chacune des six pattes est une véritable guerre d'usure pour la patience du maquettiste.
Les formes de base
L'important est de réaliser les trois composants de l'engin en proportion. Ils doivent concorder les uns par rapport aux autres. Il faudra donc entamer la tourelle, le corps principal et le châssis qui supporte les pattes en même temps et les assembler en parallèle, afin de contrôler en permanence l'aspect de l'engin en comparant à sec la dimension de ces composants. Il est important de réaliser des croquis sommaires à l'échelle de l'engin, en plan et de profil, pour s'assurer des dimensions comparées des éléments. Ce sera une aide précieuse lorsque la découpe des pièces sera entamée.On peut aussi garder à portée de la main une figurine quelconque pour s'assurer que l'engin « colle » à l'échelle choisie.
Le châssis
Une construction d'une simplicité enfantine pourvu que l'on ne soit pas intimidé par le « fait main ». Deux cercles de carte plastique sont découpés au compas porte-lame. Entre ces plaques circulaires, on colle à la super glue des tubes métalliques qui serviront à enchâsser l'axe des pattes. L'espace entre ces tubes est ensuite obstrué avec des déchets de plastique et bourré au mastic de maquettiste. Le haut du châssis est un hémisphère très aplati au centre duquel se trouve le puit de la tourelle. Ici également, un anneau de plastique découpé au compas donne le contour de ce puit. Le reste est réalisé en mastic. Reste à poncer, à égaliser et à forer les détails.

La tourelle
Disons d'une manière lapidaire que si vous êtes capable de réaliser un parallélépipède rectangle en carte plastique, alors vous savez le faire. Le problème sera de maîtriser la multitude d'indentations qui modifient la forme de base simple. L'arrière est courbe, la partie supérieure est plate, il suffit d'y pratiquer l'ouverture ad hoc, sous laquelle on colle une autre plaque comportant la trappe d'accès en creux. Vers l'avant, le profil montre des indentations en escalier qui accueillent les deux canons multitubes. La face frontale est formée d'une grosse plaque de blindage légèrement courbe, et sur les côtés de ce faciès de brute, deux petits coffrages trapézoïdaux serviront de monture au pivot de l'armement. Mais rien de tout cela n'est insurmontable. Il suffit de ne procéder par étapes.

Le corps principal
Là aussi, la forme est schématiquement fort simple. Il s'agit en gros de réaliser un demi - cylindre, plus large que haut, dont il faudra évider le centre et biseauter les arêtes. Ici, comme pour le châssis, il suffit de découper deux formes circulaires, chacune de la dimension voulue, lesquelles seront ensuite séparées en deux parties égales. La pièce formant le haut de la forme comprendra deux ouvertures circulaires découpées au compas porte - lame pour les prises d'air du moteur. La grille de ces aérateurs est figurée par une chute de moustiquaire collée sur une plaquette de plastique et collée sur la face interne de la pièce principale. Ces formes correspondant à la vue en plan sont collées sur les profils, et nous donnent l'élévation de notre volume. Entre les plaques on glisse et colle des couples en carte plastique qui contribueront à rendre le tout bien rigide. Ce squelette est alors habillé par une bande en plastique qui viendra fermer la courbe extérieure du corps. Pour les biseaux, j'ai fait simple et direct: après avoir fermé au mieux les vides à l'aide de plaquettes de plastique, j'ai terminé le carénage du corps au mastic. Lissage, ponçage à nouveau. Deux prismes sont réalisés sur les côtés, probablement des blindages couvrant l'espace vulnérable des articulations entre la tête, le corps principal et le pivot de l'ensemble de la tourelle.

La colonne centrale
Dès à présent, il est important de pouvoir assembler à sec les parties articulées de l'engin. C'est la seule manière de vérifier que la machine reste bien proportionnée au fur et à mesure de son montage. Le problème étant que la manière dont tête et abdomen s'articulent sur le châssis reste assez mystérieuse, malgré l 'examen répété des différentes scènes du film. J'ai donc fixé selon mon inspiration les parties tourelle et corps sur ce cylindre en veillant à ce que l'assemblage soit assez haut perché pour bien dégager le châssis. L'espace entre les composants est généreusement fourré de câblages et autre « bidules » pour donner un aspect cybernétique à l'ensemble.

Les pattes.
C'est le morceau de bravoure du modèle, car il faut façonner la réplique des mécanismes articulés à six exemplaires. Après m'être acharné en vain à tenter de réaliser en thermoformé artisanal les rotules sphériques des articulations (deux rotules fois six pattes fois deux hémisphères égale vingt-quatre pièces à thermoformer…) je suis tombé au détour du rayon jouets d'un supermarché sur l'article miraculeux.
Une vraie mine de grosses boules en plastique déjà forées, fournies avec une solide tige métallique pour servir d'axe où enfiler les composants de la patte. Et en plus, cela ne coûte vraiment pas cher. C'est un boulier compteur. Élémentaire, mon cher maquettiste ! La partie haute des pattes est une forme de parallélépipède réalisée avec un simple coffrage de carte plastique. Les coins sont ensuite arrondis en ponçant pour s'approcher de la forme définitive.  A présent, le carénage des pieds de la « bête ». Impossible ici d'éviter une séance de thermoformé sur une forme de base en balsa. Les éléments de chaque patte doivent alors être enfilé sur la tige métallique pliée à la bonne forme pour rendre la posture définitive du monstre mécanique. Le premier essai est catastrophique puisque les pattes sont manifestement trop petites pour la taille de l'engin assemblé à sec. Je m'appuie donc une deuxième fois l'assemblage de composants plus grands. Les pattes frottent alors sur le bas de tourelle!  Le drame est résolu en insérant de petits segments de tube en guise d 'écarteurs entre les rotules et le châssis.  Les Pattes sont maintenant assez grandes et cette sorte d'araignée mécanique prend un air menaçant. C'est une consolation, car le découragement gagne. Reste à réaliser les doigts. Trois par patte, donc dix - huit doigts à façonner avec tous leurs détails. D'abord fixer le gros doigt central, puis ajuster les petits doigts latéraux sur la machine posée bien à plat sur ses six pieds, afin que l'engin ne se retrouve pas avec la moitié des membres flottant bêtement en l'air.
Une fois satisfait de ces pattes et de l'effet général obtenu, il faut revenir vers le châssis pour y coller des coffrages de carte plastique en forme de prisme. Ces prismes se placent entre chaque rotule et donnent sa forme définitive au châssis. Cette étape devait être laissé de côté jusqu'ici pour être sûr de pouvoir mettre ne place tranquillement ces fameuses pattes, et régler la posture générale de l'engin sans entraves.
Cela fait, il faut ensuite réaliser les tourelles de défense et les pods de manipulateurs sur les membres antérieurs. J'ai vraiment fait tout ça? Whew…

Armement.
De chaque côte de la tête de tourelle doit être inséré sur base des photos du film (profusion de galeries sur le web!) la colonne axiale des canons et leur support. Les canons multitubes proprement dits sont réalisés grâce à des chutes de tubes d'aluminium et de laiton trouvés dans un magasin de modélisme radiocommandé. Les anneaux des caches flammes ont fait l'objet d'un petit travail délicat. Il a fallu enrouler un fil de cuivre extrait d'un vieux bobinage électrique (on dépiaute l'électroménager hors d'usage avant de le jeter, chers amis!) autour d'un petit cylindre, couper un segment de ce « ressort » et en faire un petit cerclage.  Cette pièce est collée à la cyanolite et à la pince à épiler entre les trois supports en carte plastique. De petites gorges y ont préalablement été pratiquées à la lime. La bande de munitions est réalisée en scratch, en collant régulièrement des languettes sur un bande de plastique courbe qui va du bas de la tourelle au corps du canon.

La peinture.
L'engin est généralement peint en jaune. Le pivot central, les doigts, les rotules et l'armement sont dans le dessin animé d'un gris moyen ou foncé qu'on peut interpréter comme un ton métal sombre. J'ai entamé le travail à l'aérographe avec de la peinture acrylique de maquettiste. Il faut d'abord réalisé une couche d'apprêt avec un jaune orangé, puis placer les lumières sur les hauts de volume avec du jaune vif. Ce travail est protégé d'une couche de vernis. Sur ces tons vifs, on ne peut se permettre un « brossage à sec » sauvage à la manière d'un véhicule militaire, sous peine de souiller la couleur vive. J'ai glissé un jus de peinture à l'huile sombre dans les creux. L'usage du noir aurait rendu le jaune verdâtre. J'ai donc utilisé un brun foncé, « terre de sienne brûlée » ou « terre d'ombre brûlée », qui va plutôt tirer vers le roux en cas de maculage du jaune. L'intérêt de la peinture acrylique, outre son aspect et sa rapidité de séchage, est qu'elle ne se dilue pas au contact des peintures à l'huile ou des peintures émails. On peut donc patiner et polir à son aise la peinture à l'huile sur le sujet. Après lissage précautionneux des ombres, à la brosse plate là, où cela s'avérait nécessaire, un brossage à sec clair limité aux angles principaux pose un fil blanc de lumière sur les reliefs marquants , sans plus.Les doigts et l'armement font l'objet d'un brossage à sec local plus appuyé pour leur donner un aspect de métal patiné.L'œil électronique situé sur le haut de la tourelle, après un essai peu satisfaisant mené à l'aide de plastique transparent, est réalisé grâce à une épingle à grosse tête de plastique blanc. Cette tête est trempée plusieurs fois dans l'acrylique bleu transparent, jusqu'à obtention d'un bel effet vitrifié, puis collée au Clearfix dans son logement.Il n'y a aucun marquage visible sur les images du film. J'y crois pas, c'est fini…

© Patrick Laurensis Modelstories 2004

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